
Depuis 20 ans, le syndicat Collectivité eau du bassin rennais (CEBR) cherche à améliorer la qualité des captages d’eau potable, contaminés par des pesticides et nitrates. Malgré les actions de sensibilisation, accompagnements et subventions pour les agriculteurs, en Ille-et-Vilaine, seulement 3 % des eaux de surface et souterraines sont aujourd’hui dans un bon état écologique.
En 2015, le syndicat CEBR lance le projet Terres de sources et convainc, en 2019, une trentaine de paysans de supprimer ou limiter certains intrants. Leurs produits, en échange, sont achetés à un meilleur prix. Cette avancée reste limitée : en effet, on compte environ 3 000 fermes sur les dix-sept points de captage qui alimentent l’agglomération de Rennes. Deux éléments récents pourraient changer la donne. Le premier élément est la création, le 24 février 2022, de la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Terres de sources, qui regroupe différents acteurs locaux dont les collectivités. Le deuxième élément est l’attribution au projet Terres de source, d’un financement de 20 millions d’euros, par le programme Territoires d’innovation.
L’objectif est d’investir davantage pour transformer l’offre agricole avec des accompagnements techniques et des innovations. Il s’agit notamment de créer des filières à bas niveau d’intrants, par exemple de sarrasin ou de légumineuses. La CEBR compte aussi financer des outils de transformation, des initiatives ou matériels pour réduire l’utilisation des pesticides, des dépenses de labellisation et de packaging…
Éducation à l’alimentation durable
Parmi les projets soutenus figurent par exemple Trans Farm Earth, un atelier de transformation collectif de légumes bio de deuxième gamme (bocaux), Antofénol pour la production de produits de bio contrôle alternatifs aux produits phytosanitaires de synthèse, ou Weenat, un outil météo pour optimiser l’utilisation d’intrants. Des associations agricoles ou citoyennes, chambres d’agricultures et structures d’accompagnement sont également financées.
« Nous travaillons aussi sur la demande des produits, avec des actions d’éducation à l’alimentation durable, les projets alimentaires territoriaux et leur accessibilité au plus grand nombre. On compte aussi sur les marchés privés et publics », précise Yannick Nadesan, vice-président de la CEBR, et élu en charge de l'agriculture et de l'alimentation de Rennes métropole. Un label Terres de sources a été lancé afin de mieux valoriser les produits : du pain, des yaourts ou des glaces sont déjà présents dans des commerces, Leclerc, Intermarché et autres grandes surfaces. La Scic fera également office de centrale d’achat et d’outil logistique pour l’approvisionnement des cantines scolaires en partenariat avec Manger bio 35. Les appels d’offres ne concerneront pas l’achat de denrées alimentaires mais une prestation de préservation de la ressource en eau. 65 communes et 120 agriculteurs devraient y participer en 2022.
750 exploitations engagées dans 10 ans ?
Pour obtenir le label, les agriculteurs doivent respecter un cahier des charges. Le recours aux OGM, l’huile de palme, les antibiotiques en préventif et certains pesticides sont interdits. Les agriculteurs doivent également s’engager dans un plan d’amélioration de leurs pratiques sur six ans, avec, par exemple, davantage de rotations des cultures, une baisse de l’utilisation d’engrais… En échange, ils pourront obtenir des prix plus intéressants et un « bonus allant jusqu’à 3 000 euros par an ». D’autres dispositifs pour l’aide à la conversion et des paiements pour services environnementaux pourront être mobilisés. Dans dix ans, l’objectif est d’atteindre 25 % des exploitations du périmètre engagées dans Terres de sources et d’améliorer la qualité des eaux en nitrates de 50 % et en pesticides de 75 %.
« Notre territoire est le premier département laitier de France, mais avec une forte densité de population et la dixième aire de consommation urbaine du pays. Cette production a eu le mérite de participer à la construction d’une économie, d’apporter aux personnes un revenu, mais on est aujourd’hui dans une impasse écologique et sociale. L’eau est peut-être l’élément qui met le plus en connexion ces problématiques, car on va chercher l’eau des villes dans les campagnes. On pourrait être dans une forme de conflictualité. On veut au contraire en sortir, en faire un élément de développement fédérateur, en conservant une activité agricole mais plus vertueuse », conclut Yannick Nadesan
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